samedi, octobre 29, 2011

Ce que représentent les élus de la Constituante

En se basant sur les chiffres de l'ISIE, les élus des différentes listes qui occuperont les 217 sièges de l'Assemblée Constituante ont recueilli 2.694.590 voix. Ils représentent ainsi 66.3% de l'ensemble des votants (cf. post précédent). Les élus du parti majoritaire Ennahda ''pèsent'' 37% des voix (et 41% des sièges). Le CPR recueille 8.5% des suffrages (mais près de 14% des sièges) ; Ettakatol : 6.4% des voix et 9.7% des sièges. Enfin, Al Aridha obtient 4.1% des voix et 8.8% des sièges.

Si on rapporte les voix du scrutin à la population électorale totale (7.569.824 votants potentiels), les élus de la constituante ne représentent plus que 35.6% de la population. Sur cette base, avec un peu plus d'un million et demi d'électeurs, Ennahda a un poids électoral de 19.8%. Les autres formations politiques restent à distance respectable : 4.6% pour le CPR, 3.5% pour Ettakatol et 2.2% pour Al Aridha.

vendredi, octobre 28, 2011

Chiffres de l'ISIE : "ya comme un défaut... !"

L'ISIE a annoncé hier les résultats préliminaires de l'élection pour l'Assemblée Constituante. Au delà de la polémique sur les listes d'Al-Aridha, les chiffres présentés par le communiqué semblent incohérents par rapport aux chiffres détaillés par circonscription électorale.

En effet, en sommant le nombre total de voix pour les 33 circonscriptions, on arrive à 4.061.735 voix. Or l'ISIE déclare que le nombre de votants est de 3.702.627. Il y aurait donc 359.108 voix de trop ?! Ce sont peut être des votes nuls (bulletins non valides ou votes blancs), mais la précision mérite d'être apportée. Et de toutes manières, le nombre de votants doit toujours être supérieur ou égal au nombre total de voix comptabilisées et non pas le contraire !

lundi, octobre 24, 2011

Ils ont voté... et puis après ?

J'étais si fier hier de la mobilisation de ce peuple qui donnait au Monde entier une si belle leçon de démocratie. J'étais si fier... jusqu'à la découverte des premiers résultats et des tendances qui se dessinent aujourd'hui ! Non je ne renie pas le formidable engouement sans précédent pour ces premières élections. Je ne conteste même pas la raz-de-marée d'Ennahda. Mais comment justifier qu'on puisse voter autant pour Al Aridha Achaabiya de ce populiste de seconde zone qu'est Hechemi Hamedi. Sidi Bouzid qui a allumé la mèche qui embrase le feu révolutionnaire dans le Monde Arabe s'est donc choisi ce caméléon médiatique pour (in)digne représentant ! Triste retour aux sources du régionalisme qui ne trouve son absurde explication qu'au-delà du désespoir...

C'est aussi le signe que ceux qui ont mené cette Révolution ont voulu sanctionner TOUS les partis, y compris Ennahda qui fait des scores staliniens dans le reste du pays, chez cette classe moyenne bigote et en quête d'embourgeoisement. Tous ont fait de la récupération politique de cette Révolution leur cheval de bataille. Mais alors que Ennahda s'appuyait sur un capital de notoriété confortable, les partis de gauche ont gâché leurs chances en avançant en ordre dispersé, prêchant un même électorat qui ne savait plus à quel saint se vouer !

Je ne sais quoi penser en voyant Hachemi Hamedi se pavaner, lui qui n'a même pas daigné fouler le sol de ce pays, alors que des militants de la trempe de Hamma Hammemi  resteront probablement sur le bord de la route. Même si on peut diverger avec certains de leurs idéaux, on ne peut nier leur patriotisme ; eux qui ont tellement sacrifié de leur vie avant et pendant la Révolution... A tous ceux-là je dédie cette chanson que Ferré chanta après les élections de 1969 lorsque la France réac vota massivement à droite après Mai 68.



vendredi, octobre 21, 2011

لابد من تونس وإن طال السفر

C'est le titre de l'article publié par Farag Foda dans la Revue d'Octobre (مجلة أكتوبر) en 1991, il y a tout juste vingt ans, quelques mois avant qu'il soit assassiné par un extrémiste de la Gamaa Islamiya. Il y exprime son opinion sur le parti Ennahda ; une opinion qui a gardé une fraîcheur étonnante après deux décennies.

Les mêmes protagonistes (Ghannouchi, Mourou, Ettahrir...) sont encore à l'oeuvre aujourd'hui. Mais déjà à l'époque, Foda pointait la duplicité de langage et le décalage entre les déclarations et les intentions sous-jacentes. Il constate que le mouvement Ennahda est un curieux mélange de partisans du ''Tout est permis'' (أنصار لابأس) et ceux du ''Rien n'est permis'' (أنصار البأس الشديد). Il mesure le décalage entre des dirigeants qui se réclament d'un islamisme modéré et une bonne partie de la jeune base plus proche des salafistes d'Ettahrir et des tenants de l'idéologie jihadiste que des thèses réformistes.

L'article de Foda finit sur une note d'espoir concernant le maintien d'une république civile en Tunisie et des interrogations sur l'issue du processus démocratique. Malheureusement, l'histoire aura tourné court et le régime de Ben Ali s'est transformé en une dictature implacable.

Aujourd'hui une incertitude similaire plane sur l'issue de la transition démocratique et je regrette, en ce rendez-vous électoral décisif, l'absence d'intellectuels tunisiens de l'envergure de Foda prêts à démonter les arguments des prêcheurs de l'islamisme politique, au risque leur vie.