dimanche, février 27, 2011

Foued M'bazaa (78 ans) nomme Béji Caïd Essebsi (85 ans) Premier Ministre

no comment...

Ghannouchi : trop tard, trop tôt... jamais dans le tempo !

Enfin Ghannouchi a démissionné ! Compte tenu de son degré d'implication dans le système Ben Ali durant la dernière décennie où il a eu la mainmise sur l'administration du pays, cette décision s'imposait dès les premières heures qui ont suivi la fuite de son président dictateur. En lieu et place, il a été maintenu dans ses fonctions pour présider aux destinées d'une nouvelle Tunisie dont il ne faisait certainement pas partie en tant qu'homme du passé au lourd passif. Malgré ce problème d'(il)légitimité, beaucoup lui ont fait confiance (avaient ils le choix ?) mais au fur et à mesure que les semaines s'écoulaient et que M. Ghannouchi accumulait les maladresses, cette confiance s'effilochait et on commençait à croire qu'on avait Mr Bean pour premier ministre !

Durant les six semaines de sa primature, le gouvernement s'est montré incapable d'imprimer son tempo aux évènements et petit à petit la rue a fini par prendre l'ascendant. De manifestations pacifiques on est passé aux casseurs qui font la loi en plein centre-ville de Tunis et narguent les forces de l'ordre dans leur pré carré. C'est dans ces circonstances, alors que ces bandes étaient toujours à l'oeuvre, que le premier ministre a annoncé sa démission, quittant le navire en pleine tempête. Par ce geste il abandonne le pouvoir à la rue et à des médias de moins en moins responsables qu'il n'a pas manqué de critiquer. L'échec de son gouvernement tient cependant en bonne partie à une communication désastreuse ou plutôt à une quasi-absence de communication.

D'un autre coté, il faut reconnaitre que, même mu par de bonnes intentions, Ghannouchi aurait eu du mal à faire passer le message car le bénéfice du doute lui était refusé. Derrière lui, la rumeur ne cessait de voir se profiler l'ombre de forces occultes en tout genre : RCD, intérêts étrangers, milieux affairistes... Sa marge de réaction était dès lors de plus en plus étroite. D'ailleurs, il quitte son poste en avouant son échec notamment en matière sécuritaire où il aurait été top ''tendre'' et il finit par lancer qu'il n'a et ne sera jamais "l'homme de la répression". Il annonce ainsi l'arrivée d'un homme à poigne avec plus d'expérience dans la gestion de crises. La nomination de Béji Caïd Essebsi qui était pressentie et qui sera par la suite confirmée ne fait plus de doute.

vendredi, février 18, 2011

Amnistie générale, oui ! Amnésie générale, non !!!!

Les évènement se précipitent ces derniers jours : manifestations haineuses devant des synagogues, fermetures de bordels, agressions de femmes... et pour finir l'assassinat d'un prêtre !

Je ne voudrai pas entrer dans la polémique islamistes/RCD. Ce flou entretenu contribue au pourrissement général d'une situation qui arrange les deux parties. Il faut bien admettre qu'on a affaire à des alliés de circonstance ! Le gouvernement s'apprête à décréter une amnistie générale ; qu'il en soit ainsi ! Je trouve même que cette décision est tardive. Mais parallèlement on assiste aussi à une amnésie générale de nos gouvernants. Est-il normal qu'on laisse des manifestations appelant à la haine et à la violence ? Est-il normal qu'on laisse des gens saccager des habitations même si ce sont des maisons closes ? Et maintenant des crimes impunis !

Les manifestations de "hezb ettahrir" sont illégales et ne devraient être autorisées sous aucune démocratie. Ce sont par ailleurs des manifestations qui semblent mieux organisées que ce qu'on peut attendre d'un simple "groupuscule" : mégaphones, affiches sérigraphiées, larges banderoles et drapeaux imprimés... Il y a de la logistique derrière !

Pendant ce temps là, nos gouvernants ferment l'oeil (ou même les deux). Trois explications possibles et toutes moins rassurantes l'une que l'autre. Soit ils souffrent d'un complexe de culpabilité, soit c'est un aveux d'impuissance, soit c'est une forme de connivence organisée pour favoriser un retour en arrière !



P.S. : La pétition contre l'intolérance  http://www.petitiononline.com/IN170211/petition.html
Et rappel qu'une marche pour la liberté et la laïcité est organisée demain samedi 19 février  Avenue Habib Bourguiba de 13h à 15h.

vendredi, février 11, 2011

Et de deux...

Moubarak qui a si mal porté son nom pour l'Egypte et qui a mis le pays sous sa botte durant 30 ans de dictature a été enfin botté et vomi par son peuple... Espérons que l'armée soit à la hauteur et que l'Egypte et la Tunisie réussissent leur transition démocratique et servent d'exemple pour le reste du monde arabe.

A qui le tour maintenant ? Je parie qu'on va pas trop dormir ce soir dans les palais présidentiels et royaux !

jeudi, février 10, 2011

! ارحل ارحل حسني مبارك ! يا سليمان يا سليمان ارحل ارحل انت كمان

Comment on peut être aussi stupide ?! Moubarak nous a fait revivre "Ben Ali le retour"... et comme tous les mauvais films de série B ça devrait finir pareil !

P.S. : Le discours de Souleimane ressemble aussi à du déjà entendu... Je croyais que Abdelwaheb Abdallah et Ben Dhia étaient en résidence surveillée !

mercredi, février 09, 2011

La révolution trahie

C'est le titre de l'article de Yuliya Timoshenko en réaction à ce qui se passe actuellement en Tunisie et en Egypte. A la lumière de son expérience d'ancienne Premier ministre d'Ukraine après la "révolution orange" d'il y a 6 ans, elle fait part de ses réflexions sur le long chemin qui attend une démocratie naissante et les contre-mesures qui peuvent surgir pour freiner l'élan d'une révolution, voire l'infléchir. Yuliya Timoshenko est une figure charismatique et controversée de la vie politique ukrainienne et certains éléments de sa reflexion sont teints d'une perceptible amertume, ils méritent toutefois l'attention car beaucoup d'enseignements sont transposables au cas tunisien.

mardi, février 08, 2011

Grèves / Insécurité : le cercle vicieux... Votez Morjane !

Les grèves et manifestations continuent à enflammer l'actualité alors que l'activité continue à tourner au ralenti dans une quasi-léthargie collective. Aujourd'hui, parmi les mouvements, était signalée la poursuite de la grève chez les employés de la société régionale de transport de Bizerte et dont certaines revendications sont teintes d'une bonne dose de corporatisme en demandant par exemple d'accorder "la priorité aux enfants du personnel dans les recrutements".

Sans lien, mais sur le même trajet Tunis-Bizerte, le bus spécial des étudiants de la technopole de Sidi-Thabet a été arrêté aujourd'hui par un groupe d'individus munis d'armes blanches qui ont fait descendre tous les étudiants et réquisitionné le bus pour protester contre l'absence de transports publics depuis quelques jours sur cette ligne. Il n'a été fait aucun mal aux étudiants qui étaient quit pour une grosse frayeur et l'armée a du intervenir pour débloquer la situation. On peut imaginer que la SNT doit fonctionner avec des effectifs réduits sur certains parcours et redéploie son personnel en priorité sur les bus spéciaux. La crainte pour leur sécurité peut expliquer la désaffection de certains chauffeurs et receveurs pour le regain de leurs postes sur des lignes "sensibles". Ceci est vrai pour d'autres employés des services publics qui doivent de surcroît faire face à l'incertitude des transports. Or, comme dans le cas présent, l'absence de certains services publics vitaux pousse à l'exaspération des populations déjà délaissées et accentue par conséquent l'insécurité ambiante.

Le poursuite de la situation actuelle et son pourrissement risque fort bien de se transformer en un raz-le-bol généralisé qui à l'approche des élection favoriserait un vote sécuritaire. Le général Ammar a déjà la côte et jouit d'une bonne image dans l'opinion publique. Il n'a jamais montré d'ambition politique mais d'après un récent sondage (qui reste sujet à caution) il arrive en deuxième place derrière Ahmed Nejib Chebbi des personnalités évoquées comme possible futur président.

Un autre futur candidat possible et non encore déclaré c'est Kamel Morjane, l'ancien ministre des affaires étrangères (et de la défense précédemment) que certains regrettent déjà après les sorties malheureuses de son successeur. Pour beaucoup, Morjane n'a pas l'image désastreuse des autres pointures de l'ex-RCD et il a préféré soigner sa sortie du premier gouvernement transitoire en démissionnant. La lecture de la fin du communiqué de démission laisse peu de doutes sur les ambitions de l'homme : "Quelle que soit ma position, je ne ménagerai aucun effort pour contribuer à l'édification de l'avenir de la Tunisie, dans le cadre de la sécurité, de la liberté et de la stabilité.". Voici donc les valeurs de ce futur parti (un néo-RCD ?) où la sécurité passe avant la liberté. Chassez le RCD par la porte, il reviendra par les fenêtres !

dimanche, février 06, 2011

La Tunisie n'est pas la Turquie et Bourguiba n'était pas Atatürk

S'il est de bon goût pour les islamistes d'Ennahda de se comparer à l'AKP turc, il est de bon goût également pour certains laïques tunisiens de se réclamer de l'héritage d'Atatürk quand ils jugent insuffisant le legs bourguibiste en matière de séparation de l'Etat et de la religion. Il faut cependant rappeler que les démarches entreprises pour bâtir un Etat moderne dans les deux pays ont été très différentes. Atatürk a imposé une laïcité à l'européenne à travers l'adoption de lois "importées" venant remplacer les textes traditionnels et coupant tout lien avec la religion musulmane. Dans le cas tunisien, la philosophie de Bourguiba était toute autre : le Code du Statut Personnel (CSP), par exemple, s'est voulu être une relecture inspirée des textes religieux à la lumière d'une vision moderne. En outre, l'islam est resté religion d'Etat et le président de la république se doit d'être musulman. Dans les deux cas, tunisien et turc, le forcing législatif s'est par ailleurs accompagné d'un grand effort de laïcisation des institutions et principalement l'enseignement. Mais là également, si en Turquie l'enseignement public ne donne pas de cours religieux, la Tunisie a fait le choix de prodiguer des cours d'éducation islamique et encadrer par conséquent le message religieux destiné aux enfants. Pour revenir au CSP, celui-ci diffère principalement sur deux points du droit turc : l'héritage y est toujours largement dicté par la loi islamique (et donc en défaveur des femmes) et il reste impossible pour une tunisienne musulmane de contracter ou valider un mariage avec un non-musulman. Par ailleurs, l'adultère n'est plus criminalisé en Turquie, point sur lequel l'AKP a tenté de revenir, sans réussite pour le moment.

Cependant, dans la pratique, la société turque ne semble pas plus sécularisée que la société tunisienne, bien au contraire : les mariages forcés y sont légion, les crimes d'honneur sont nombreux et l'égalité en matière de succession est loin d'avoir toujours été respectée vu que l'écrasante majorité du patrimoine continue à être détenue par les hommes. Or une sécularisation effective de la société est le seul garant de pérennité d'une laïcité républicaine. En Turquie la laïcité est protégée par l'armée qui contrôle étroitement la vie politique à travers un conseil de sécurité national et empêche toute "dérive" qui s'éloignerait du kémalisme institutionnel. Même si l'influence de l'armée est en déclin, la Turquie continue donc à être un Etat sécuritaire, ce qui est incompatible avec l'instauration d'une véritable démocratie. 

En Tunisie, le peuple a rejeté une autre forme d'Etat sécuritaire, policier et non militaire, et reste attaché à son armée républicaine et neutre. Une armée à la turque qui ferait contre-poids au gouvernement élu ne semble donc pas envisageable dans le contexte tunisien actuel. Cependant, il n'a échappé à personne qu'il s'en est fallu de peu que l'armée tunisienne ne puisse remplir son rôle par manque de moyens, et son renforcement semble donc inéluctable.

Le meilleur protecteur que la laïcité puisse avoir c'est le peuple ! Mais la question qui se pose est de savoir à quel point la société tunisienne accepte, ou plutôt désire, être sécularisée. Une laïcité tunisienne s'est construite durant les 50 dernières années par une lente "politique des étapes" si chère à Bourguiba. Les acquis du CSP semblent être intégrés par une large frange de la population. Aujourd'hui, le peuple exige un nouveau système politique basé sur une véritable démocratie et une nouvelle république avec une nouvelle constitution. Est-ce que la laïcité devra gagner du terrain à la faveur de cette refonte constitutionnelle ? Le débat sur la question mérite d'être largement ouvert et promet d'être passionnant mais en aucun cas il ne devra être occulté.

mardi, février 01, 2011

Y a-t-il un responsable dans la Police ?

La situation sécuritaire s'est considérablement détériorée ces deux derniers jours avec des policiers en grève dans de nombreux gouvernorats et qui ont poussé le comble jusqu'à chasser leur ministre de ses locaux. Plusieurs versions circulent et oscillent entre revendications syndicales et complot de la police secrète. Quelles que soit leurs motivations, ces actes sont très graves. Le peu de confiance que la population avait commencé à avoir en sa police nationale est entrain de se désagréger. Des bandes organisées nées d'une probable association entre ripoux et truands avérés sème la terreur et surtout la panique parmi les gens en s'attaquant à des établissements d'enseignement ou des magasins et en saccageant des biens publics ; les rumeurs vont bon train et signalent ici et là des rapts ou des viols (non confirmés pour la plupart).

La psychose gagne la population et j'ai du mal à imaginer que personne ne se cache derrière ce dessin. Au sein même de la police, une des revendications principale des grévistes concerne la nécessité d'une purge dans le système sécuritaire jugé encore très imprégné par des hommes du passé qui accaparent les postes clés dans les bureaux du ministère de l'intérieur. Dans ce contexte explosif, il semble urgent de réagir fermement et avec justesse pour rétablir l'ordre dans une institution qui est sensée incarner cette valeur dans l'appareil de l'Etat. La commission nationale d'établissement des faits sur les abus durant la dernière période, présidée par Taoufik Bouderbala devrait s'occuper très rapidement du dossier de la chaîne de commandement qui a abouti à la tragédie qui a coûté la vie à plus de 200 personnes. Néanmoins, l'administration policière a tellement été gangrenée par 23 ans de système sécuritaire aux ramifications complexes, qu'il faudrait une autre commission judiciaire qui fasse la lumière sur les agissements des hauts fonctionnaires au sein du ministère de l'intérieur durant les deux dernières décennies.

Il faut séparer le bon grain de l'ivraie car je ne peux croire non plus qu'il n'y ait pas parmi la police de nombreux fonctionnaires patriotes qui veulent eux aussi en finir avec ce système. Il faut qu'ils se manifestent et qu'on les écoute. Mais en aucun cas il n'est admissible que cela se déroule de manière à laisser place au chaos car l'avenir de la démocratie en dépend !