vendredi, octobre 26, 2007

Le TGV en Tunisie : Trains Gourmands et Vétustes !


A l’occasion de la visite d’Etat que vient d’accomplir Nicolas Sarkozy cette semaine au Maroc, le royaume chérifien a conclu de nombreux contrats avec la France dont le plus important porte sur une ligne à grande vitesse qui devrait relier Casa à Tanger à partir de 2013 : le trajet actuel qui dure plus de quatre heures sera ramené à une heure et demi ! D’autres lignes sont d’ores et déjà envisagées : Casa–Marrakech–Agadir et Casa–Oujda.

Pendant ce temps, la Tunisie ne semble pas nourrir des idées pour ce genre de projets. Alors que le pays disposait à l’aube de l’indépendance d’un réseau qui couvrait une bonne partie du territoire, il s’est réduit au fil des ans tel une peau de chagrin. La Tunisie a raté le virage du chemin de fer en faisant le pari du transport routier : à mesure que les routes et autoroutes se développaient, l’intérêt pour le rail s’affaiblissait.


Pourtant le transport ferroviaire présente de nombreux avantages en termes de sécurité et de développement durable car il est bien moins polluant que les camions et les voitures, surtout si les lignes sont électriques. Malheureusement, en Tunisie, ce sont encore les locomotives thermiques qui prédominent largement : seules les lignes du métro-sahel et du TGM (en plus de celles du métro léger) sont électrifiées. La ligne vers la banlieue sud devrait bientôt se convertir à la traction électrique dans le cadre du projet RFR (Réseau Ferroviaire Rapide du Grand Tunis). L’Etat semble par contre très réticent à développer de nouvelles lignes inter-urbaines : un train rapide Tunis–Hammamet a ainsi été jugé non rentable. Alors pour ce qui est d’un TGV Tunis–Sfax…



Financièrement parlant, il est vrai qu’une nouvelle ligne n’est rentable qu’à long (voire très long) terme. Mais si on prend en compte tous les effets induits en termes de création d’emplois, d’augmentation de trafic, de flux économiques, de gains de temps (Tunis–Sfax en un peu plus d’une heure), la rentabilité économique devrait être rapidement au rendez-vous. De plus, dans le cadre d’une politique de décentralisation et de désengorgement de la capitale, rien ne vaut le rail (et a fortiori le TGV) pour raccourcir les distances.

Une ligne à grande vitesse (LGV) est à peine 30% plus chère qu’une ligne classique mais ce serait un choix résolument tourné vers l’avenir pour se mettre au diapason des pays du nord de la méditerranée. Un projet de LGV entre le Maroc, l’Algérie et la Tunisie est actuellement à l’étude. Mais s’il faut attendre l’UMA pour le concrétiser, mieux vaut patienter jusqu’au prochain train !

lundi, octobre 22, 2007

Au pays de l’Emmental, les moutons noirs sont indésirables !

Dimanche avaient lieu les élections fédérales helvétiques, l’équivalent des élections législatives en Suisse. Elles ont couronné d’une éclatante victoire l’UDC, le parti de droite populiste, qui confirme ainsi sa percée de 2003. Ce parti a fait sa campagne autour du thème de l’immigration brocardant des affiches où on peut voir un mouton noir se faire expulser par des moutons blancs hors de Suisse. Une affiche qui n’a pas manqué d’inspirer le NPD, le parti néo-nazi allemand qui l’a aussitôt palgiée en vue des prochaines élections en Allemagne.

Il est consternant de voir une résurgence des sentiments xénophobes partout en Europe. La mode y est aux partis ‘’populistes’’ qui reprennent à leur compte les idéaux de l’extrême droite, en version ‘’light’’, afin de s’attirer un plus large électorat. Les dernières élections présidentielles françaises ont confirmé cette tendance avec un Sarkozy qui ne s’est pas défendu d’aller à la pêche aux voix du Front National. Il s’en est même félicité en arguant qu’il valait mieux rattraper ces ‘’brebis égarée ‘’ plutôt que de les marginaliser. Il préfère ainsi leur donner satisfaction en durcissant les lois sur l’immigration, en imposant des quotas annuels d’expulsion, en instaurant des tests ADN pour le regroupement familial mais en ne renonçant pas à piller les pays du Tiers Monde de leurs compétences en prônant une "immigration choisie et non pas subie".

Dans un monde où les difficultés économiques se font insistantes dans beaucoup de pays industrialisés et où la peur du terrorisme justifie toutes les dérives sécuritaires, la vieille recette qui consiste à jeter l’anathème sur l’Autre a encore de beaux jours devant elle !


lundi, octobre 15, 2007

‘’Pour la fourmi, la rosée est une inondation’’ (proverbe indien)

Une fois de plus… une fois de trop ! Tunis s’était réveillée groguie hier après les inondations de samedi… les deuxième en moins d’un mois. Pourtant on nous avait dit, comme à la veille de chaque automne, que toutes les précautions avaient été prises, que les canalisations avaient été ramonées, que des bassins de rétention avaient été construit… qu’on pouvait dormir tranquille !

Pourtant les mêmes scènes se répètent inlassablement chaque année : des gens marchant pied nus dans la boue avec de l’eau jusqu’aux genoux, des transports paralysés, des maisons inondées… et pour cette fois des décès qui viennent alourdir le bilan habituel !

A qui la faute ? D’abord, ces phénomènes qui étaient exceptionnels il y a quelques années sont devenus beaucoup plus fréquents. C’est une conséquence directe du réchauffement climatique : la météo est complètement déréglée et il y a une incontestable recrudescence des catastrophes naturelles sous toutes les latitudes. Mais tout de même, les pluies si torrentielles fussent-elles n’avaient rien de comparable avec les cyclones et autres tempêtes tropicales qui sévissent dans l’atlantique nord ou dans le sud-est asiatique !! Tunis n’est pas un petit village du sud de la France ou de la campagne anglaise pour s’entendre dire que ça arrive même dans les pays développés !

Force est de reconnaître que nos infrastructures sont loin de répondre à ce qu’exigeraient les normes pour protéger les nombreux quartiers de la ville et de sa banlieue situés en zones inondables. Face au défi des intempéries, Tunis en tant que capitale et vitrine du pays ne peut pas se permettre de noyer son image alors même que les autres capitales voisines ne connaissent pas ces problèmes à répétition. Tunis mérite un plan d’aménagement à la hauteur de ses ambitions de pôle régional. Car si on veut que le pays devienne un site attractif pour les investisseurs, il faudra leur donner une autre image que celles d’une capitale transformée, à la moindre averse, en Venise sans le charme de ses gondoles !