jeudi, août 31, 2006

...محفوظ في حفظ الله

Hier en rentrant chez moi, j’allume le poste de la voiture… et là j’apprends la triste nouvelle : Najib Mahfoudh n’est plus ! Une émotion me submerge… Pourtant je ne suis pas un grand lecteur de ses livres. Comme tout un chacun j’ai bien lu quelques recueils de nouvelles ici et là en m’y délectant du style réaliste de l’écrivain, mais c’est surtout la perte du symbole qui me chagrine. Le symbole d’une littérature arabe enfin consacrée à travers son Prix Nobel de 1988 et surtout le symbole des valeurs humanistes confronté aux injustices sociales et à l’obscurantisme. Cet obscurantisme qui a voulu le faire taire définitivement en 1994 lorsqu’un intégriste l’a poignardé en pleine rue faisant écho à la compagne de dénigrement orchestrée par Al Azhar afin de s’élever contre la réédition de son livre « Awladou haratina » (les fils de la médina), déjà interdit par les religieux à sa parution dans les années 50.

Pourtant Najib Mahfoudh était un homme simple et très pacifique par nature, ne voulant offenser personne et s’employant souvent à contenter tout le monde. Une attitude jugée trop passive et critiquée par certains intellectuels égyptiens qui ont toujours regretté un engagement qu’ils estimaient insuffisant au regard de sa stature de grand homme de culture très écouté dans son pays et ailleurs. De nombreuses voix s’élevèrent d’ailleurs il y’a quelques mois contre la décision de Najib Mahfoudh de n’autoriser la publication du livre précité qu’avec l’accord d’Al Azhar et que sa préface soit écrite par un proche des Frères Musulmans ! Cette attitude a suscité l’indignation car elle créait un ‘’précédent dangereux’’ en renforçant les partisans de la censure religieuse.

Loin de toute polémique, il est de mon avis préférable de retenir l’image d’un écrivain très proche de son peuple et de son temps qui a révolutionné la littérature arabe en y imposant le roman réaliste comme un genre à part entière, un roman où il dépeint sans concessions une société sans fard.

mercredi, août 30, 2006

Réformé du service !

Texte véridique d'un gars qui ne voulait pas faire l'armée :


Monsieur le Ministre de la Défense Nationale,

Permettez-moi de prendre la respectueuse liberté de vous exposer ce qui suit et de solliciter de votre bienveillance l'appui nécessaire pour obtenir une démobilisation rapide.

Je suis sursitaire, âgé de 24 ans, et je suis marié à une veuve de 44 ans, laquelle a une fille qui en a 25. Mon père a épousé cette fille.

A cette heure, mon père est donc devenu mon gendre, puisqu'il a épousé ma fille. De ce fait, ma belle-fille est devenue ma belle-mère, puisqu'elle est la femme de mon père.

Ma femme et moi avons eu en janvier dernier un fils. Cet enfant est donc devenu le frère de la femme de mon père, donc le beau-frère de mon père. En conséquence, mon oncle, puisqu'il est le frère de ma belle-mère. Mon fils est donc mon oncle.

La femme de mon père a eu à Noël un garçon qui est à la fois mon frère puisqu'il est le fils de mon père, et mon petit-fils puisqu'il est le fils de la fille de ma femme. Je suis ainsi le frère de mon petit-fils, et comme le mari de la mère d'une personne est le père de celle-ci, il s'avère que je suis le père de ma femme, et le frère de mon fils. Je suis donc mon propre grand-père.

De ce fait, Monsieur le Ministre, ayez l'obligeance de bien vouloir me renvoyer dans mes foyers car la loi interdit que le père, le fils et le petit-fils soient mobilisés en même temps.

Dans la croyance de votre compréhension, veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, l'expression de mes sentiments les meilleurs.

Si ça peut donner des idées à certains !...

PS : Pour la petite histoire, il a été réformé pour "État psychique instable et préoccupant, troubles mentaux aggravés par un climat familial très perturbant".

samedi, août 26, 2006

Un peu de Grass pour Günter svp !

J’aimerai revenir sur un sujet qui a fait beaucoup de bruit ces derniers jours en Allemagne et ailleurs dans le monde : les aveux de Günter Grass sur son passé SS à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Pour ceux qui auraient manqué un chapitre, je rappelle que le Prix Nobel de littérature 1999 a confessé dans son autobiographie parue mercredi dernier, en avance de deux semaines sur la date prévue (justement en raison du scandale), qu’en plus de son enrôlement dans l’armée nazie en 1944 (fait déjà bien connu), le futur écrivain s’est volontairement engagé à 17 ans, en 1946, dans les tristement célèbres Waffen-SS les troupes d’élite combattantes du « Corps Noir » connues pour de nombreux massacres perpétrés notamment parmi les civils et qui semaient la terreur sur leur chemin…

Comment celui qui a incarné « la conscience de l’Allemagne » durant les cinquante dernières années a-t-il pu cacher ceci durant tout ce temps là ? Comment a-t-il pu jouer les moralisateurs en fustigeant le passé Nazi des autres sans faire son mea culpa ? Lui qui a obligé les allemands à se regarder dans le miroir de l’Histoire et à assumer leur culpabilité dans une sorte de catharsis collectif n’aurait-il pas du donner l’exemple en ayant le courage de mettre en avant son propre coté obscur ?… Des questions parmi tant d’autres qui ne cessent de pleuvoir sur la tête de l’auteur du Tambour venant de ses amis (de gauche) qui oscillent entre l’indulgence et l’incompréhension et ses détracteurs (de droite) qui le fusillent en ricanant, heureux d’endosser enfin le rôle de l’inquisiteur face à leur ancien bourreau !

Pour se justifier, Grass dit que "(son) moi d'alors ne (lui) est pas totalement étranger, mais égaré et distant, comme un parent lointain". Il ne cache pas son ‘’aveuglement’’ de jeune hitlérien ni le sentiment de honte qui l’a toujours obsédé et continue à le poursuivre. Je pense que très rares sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir eu les mains toutes propres à cette époque là en Allemagne. On ne peut vraiment séparer le blanc du noir : tout le monde était plus ou moins gris !

Mais on l’aura compris, les critiques de tout bord ne reprochent pas tant son passé SS à Grass que ce mensonge par omission en décalage avec son attitude salvatrice durant ses longues années de combat contre l’oubli. Pourquoi maintenant ? comme titrait Pierre Assouline sur son blog. Je pense qu’en bon stratège Günter Grass n’a pas voulu révéler durant les premières années toute la vérité sur son passé Nazi en se gardant de mettre à jour son coté le plus sombre. En effet, qui aurait écouté à cette époque là un donneur de leçons lui même ancien SS ? Les blessures de la guerre étaient encore béantes et le risque de rejet était grand. Mais le temps passant Grass se trouvait sûrement pris à son propre piège : plus il prenait du volume, plus sa voix portait et était entendue… et plus il devenait difficile de déballer en public certaines archives poussiéreuses rangées au fond de son propre grenier ! On peut enfin supposer que considérant qu’il était arrivé à la fin de sa « mission », à bientôt 80 ans, il ait pris son courage à deux mains pour coucher lui même sur le papier les détails de certaines phases peu glorieuses de sa vie sans attendre qu’on le fasse pour lui post mortem. Il a choisi d’affronter dans une sorte d’ultime combat les détracteurs qui n’auraient pas manqué d’entacher sa mémoire après sa mort sachant que les absents ont toujours tort.

Ceux qui veulent réduire a posteriori les nombreux discours moralisateurs de Grass à un vulgaire prêchi-prêcha se leurrent : la pilule est passée et ne peut être recrachée ! Ceux qui plaident pour sa ‘’célinisation’’ ne pourront invoquer que des arguments stylistiques pour rapprocher les deux écrivains à la truculence verbale : alors que Céline s’est embourbé dans son antisémitisme, Grass a fait de sa vie un combat contre le fascisme !

Oscar, le personnage principal du Tambour, dit : «On peut commencer une histoire par le milieu, puis, d’une démarche hardie, embrouiller le début et la fin. On peut adopter le genre moderne, effacer les époques et les distances et proclamer ensuite, ou laisser proclamer qu’on a résolu enfin le problème espace-temps. On peut aussi déclarer d’emblée que de nos jours il est impossible d’écrire un roman, puis, à son propre insu si j’ose dire, en pondre un bien épais afin de se donner l’air d’être le dernier des romanciers possibles. Je me suis également laissé dire qu’il est bon et décent de postuler d’abord: il n’y a plus de héros de roman parce qu’il n’y a plus d’individualiste. [...] Après tout, ce n’est pas impossible. Mais en ce qui nous concerne, moi Oscar et mon infirmier Bruno, je veux l’affirmer sans ambages : nous sommes tous deux des héros.»… Et Günter Grass reste un très grand Monsieur même descendu de son piédestal.

jeudi, août 24, 2006

Une chtit Fable...

Voila une petite fable qui pourrait servir de conseil à certains :

Maître corbeau sur un arbre perché
Ne fait rien de toute sa journée.
Un lapin voyant ainsi le corbeau,
S'approche et lui demande aussitôt :
Moi aussi, comme toi, puis-je m'asseoir
Et ne rien faire du matin jusqu'au soir ?
Le corbeau lui répond du haut de sa branche :
Bien sur, mon ami à la queue blanche,
Je ne vois ce qui pourrait t'empêcher
Le repos de la sorte, savourer.
Blanc lapin s'assoit alors par terre,
Et sous l'arbre reste à ne rien faire.
Tant et si bien qu'un renard affamé,
Voyant là le lapin somnoler,
S'approche du rongeur en silence,
Et d'une bouchée en fait sa pitance.

Moralité :
Pour rester assis à rien glander,
Mieux vaut être haut placé.

mercredi, août 23, 2006

"La mer c'est dégueulasse, les poissons baisent dedans !"

Renaud est indéniablement mon chanteur (auteur, compositeur) français préféré de ces trente dernières années... l'héritier légitime des Brassens, Brel et autre Ferré ! Révélé dans la foulée de Mai 68, ce trublion s’est d’emblée érigé en empêcheur de penser en rond, imposant dans ses chansons un ton contestataire, provocateur et engagé, s’exprimant dans un langage plus proche de Frédéric Dard que de Victor Hugo. Son univers est celui des ruelles sombres, des prolos, des truands… des petites gens.
Dans un monde de la chanson aseptisé, conventionnel et commercial, Renaud a su trancher par ses textes engagés, loin du politiquement correct, des opinions policées.
Je vous invite donc à (re)découvrir ce chanteur si atypique et si attachant à travers ses coups de gueule (Hexagone, Fatigué, Où c’est qu’j’ai mis mon flingue…), ses chansons dénonciatrices (Morts les enfants, Triviale poursuite, L’aquarium…), sans oublier les très belles balades (Mistral gagnant, Manu, Chanson pour Pierrot, Il pleut…).

samedi, août 19, 2006

On hisse les voiles...

Le temps semble calme, l'horizon est clair, les flots apaisés, les vents favorables, les dieux cléments... C'est le moment d'embarquer, de partir à l'aventure...
Hissez les voiles moussaillons ! direction la blogosphère... et que la force soit avec nous !